Nature en ville :La Rochelle fait son miel !
Le Groupement de défense sanitaire apicole (le GDSA, soutenu financièrement par le Conseil général) et la Ville de La Rochelle se trouvent derrière ce déménagement. Enjeu majeur : étudier le comportement des insectes dans un espace particulier, mi-urbain, mi-naturel, et réaliser des analyses régulières de la production du rucher. L'Institut scientifique de recherche agronomique (INRA) pourrait également s'associer au projet.
Force est de constater que l'attention est particulièrement portée sur cette expérience menée sur 3 ans. Sur les 1 000 ruches
d'observation dispersées sur l'ensemble du département, les cinq de Tasdon se trouvent dans l'environnement le plus atypique, pour ne pas dire le plus improbable. Et les membres du GDSA ne
cachent pas leur impatience à l'idée de connaître les premiers résultats.
Le miel de ville meilleur ?
Contrairement à ce qu'on pourrait croire, ils supposent que la qualité du miel présentera d'excellents résultats. Car, sauf
surprise, ce n'est pas dans les pots d'échappement que les abeilles butinent. Et la nature avoisinante se montre relativement préservée des produits phytosanitaires dénoncés par les
apiculteurs puisque le marais est régi selon le principe de gestion différenciée : « On espère démontrer qu'elles s'en sortent parfaitement et tordre le coup aux idées de ceux qui estiment
que la mortalité des abeilles est de notre responsabilité, soi-disant parce qu'on s'en occuperait mal », avance Jean-François Prosper, président du GDSA, inquiet. « L'abeille serait en voie
de disparition si on ne l'élevait pas. C'est grave. Il ne faut pas perdre de vue qu'on en a plus que jamais besoin. 80 % de l'espace vert dans lequel nous nous trouvons n'existerait pas sans
elles. »
D'autres ruches en ville ?
Le sentiment est partagé par l'adjoint au maire (Verts) Alain Bucherie qui, du coup, se met à rêver de ruches disséminées dans toute la ville : « Pourquoi pas en placer dans les parcs, à Mireuil, aux Minimes ? Ça favoriserait grandement la pollinisation », soumet-il.
En attendant, le rucher de Tasdon profite des égards destinés aux grandes personnalités. Deux bénévoles et le service des espaces verts sont à son chevet et s'assurent qu'elles prennent leurs aises dans le marais.
Au-delà de la portée scientifique du projet, les instigateurs font valoir sa valeur pédagogique : « Il faut réintégrer la place de l'abeille dans notre société et arrêter une bonne fois pour toutes avec le réflexe "bombe". Ce ne sont pas des nuisibles, bien au contraire », défend Alain Bucherie. Même si l'abeille a meilleure presse que sa voisine la guêpe ou son cousin le frelon, elle ne rassure pas toujours. Le message est plus difficile à passer ces derniers temps en Charente où, il y a une dizaine de jours, un essaim a attaqué trois femmes pour des raisons indéterminées : « C'est exceptionnel et peu compréhensible », s'étonnent les apiculteurs. Mais en ce qui concerne les abeilles dans le marais, le président du GDSA promet qu'il s'agit là de « souches très douces, très agréables », qui réagissent comme de coutume : tant qu'on ne s'y frotte pas, elles ne piquent pas.